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À Hugo Clément : notre terre vaut mieux que vos raccourcis 🌽

@agricom_camille
@agricom_camille

Le 16 juin 2025, France 5 diffusait un nouvel épisode de son émission « Sur le front », présentée par Hugo Clément. Cette fois, le sujet : la surproduction de maïs en France. Avec, comme accroche principale, ce chiffre spectaculaire :

“Le maïs absorberait un quart de l’eau consommée dans notre pays.”

Dit comme ça, c’est percutant. Presque effrayant.Sauf qu’en agriculture, comme dans toute réalité complexe, sortir un chiffre hors contexte, c’est déjà commencer à mentir.


Alors aujourd’hui, en tant que femme d’agriculteur, mère de famille, et communicante engagée pour le monde agricole, je prends la parole. Pas pour faire le buzz, mais pour rétablir un minimum de bon sens.


Oui, je vis dans la ruche agricole. Et ce que j’y vois n’a rien à voir avec votre scénario.

Je vis à la campagne. Pas dans un studio de montage. Je travaille au contact direct de celles et ceux qui nourrissent ce pays. Et surtout : je les écoute, je les accompagne, je raconte leurs histoires.


Avec mon agence de communication, j’ai choisi de mettre en lumière notre agriculture vraie : celle qui doute, qui avance, qui se transforme avec conviction.Pas de faux-semblants. Pas de filtres marketing. Juste du vrai.


J’ai assisté à de nombreux débats politiques lors des élections aux Chambres d’Agriculture.J’ai vu des hommes et des femmes porter des visions différentes, mais tous unis par une même réalité : celle du terrain.


Le maïs, encore un coupable bien pratique :


Revenons au cœur du reportage. Le maïs serait donc un ogre hydrique, assoiffant la France entière ?

📌 Rappel de base : l’irrigation agricole représente environ 2 à 3 % de l’eau prélevée en France (source INRAE). Et encore, toutes cultures confondues.

📌 Autre réalité : le maïs fourrage pousse sans irrigation dans de nombreuses zones. Il est essentiel pour nourrir nos troupeaux localement. Il évite justement d’importer du soja venu du bout du monde avec un bilan carbone désastreux.


Mais ce genre de détail technique, visiblement, ne fait pas une bonne bande-annonce.

Alors à la place, on floute des visages d’agriculteurs (comme s’ils étaient hors-la-loi), on généralise des pratiques très localisées, et on crée une nouvelle figure de l’ennemi à abattre : la culture de maïs.


France 5 et le journalisme à grand spectacle


Ce qui dérange profondément ici, ce n’est pas qu’on parle d’agriculture à la télévision. Au contraire, on en a besoin. Ce qui dérange, c’est le parti pris, la mise en scène alarmiste, et la tendance à faire passer un cas local pour une généralité nationale.


Car qui parle dans ce reportage ? Des agriculteurs floutés, parfois masqués. Comme s’ils faisaient quelque chose d’illégal. Comme si produire du maïs, c’était devenu honteux.

Et puis surtout : où sont les représentants agricoles ? Pourquoi ne pas aller discuter avec les Chambres d’Agriculture, les syndicats agricoles – tous bords confondus –, les chercheurs, les coopératives, ceux qui accompagnent au quotidien la transition ?

Pourquoi ne pas écouter les femmes et les hommes qui travaillent les sols depuis toujours et qui savent que l’agriculture évolue, s’adapte, innove et se remet en question ?


Parce qu’un bon face-à-face constructif, ça fait moins de buzz qu’un champ filmé au drone sur fond de musique dramatique. Triste constat.


Et pendant ce temps, ici, on vit, on élève, on travaille.


Dans nos campagnes, nous ne sommes pas en train de comploter pour épuiser les ressources du pays. Nous faisons notre métier avec conviction, respect du vivant et humilité.


On ne touche pas un salaire bien net tous les mois.L’été, pendant les canicules, on n’est pas dans un appart climatisé du 6ᵉ arrondissement.On se bat pour des récoltes incertaines avec les aléas climatiques qui vont avec, pour un équilibre entre économie et écologie, pour nourrir nos territoires et préserver nos terres.


On prend des décisions techniques chaque jour. On teste, on change, on apprend. Le monde agricole de 2025 n’a plus rien à voir avec celui de 1990. Mais ça, il faut venir le vivre pour le comprendre. Pas juste venir le filmer.


Un peu moins de buzz. Un peu plus d’écoute ?


Alors Monsieur Clément, si vous voulez vraiment comprendre l’agriculture française, venez discuter. Vraiment.


Pas caméra planquée. Mais à table, sur un tracteur, ou dans une réunion de coopérative. Venez voir ce qu’est une sécheresse vécue de l’intérieur. Venez parler aux jeunes installés, aux femmes qui s’imposent dans ce métier, aux familles qui tiennent bon.

Et surtout : arrêtez de raconter notre réalité à notre place.


L’agriculture française n’est pas parfaite. Mais elle est debout.


Elle se questionne. Elle évolue. Elle n’a pas besoin de paillettes ou de slogans.Elle a besoin de reconnaissance, d’échanges, et de vérité.


Et ça, malheureusement, on ne le trouve pas dans un reportage sensationnaliste de 52 minutes.

✍️ Camille, Mère de famille, communicante rurale, femme d’agriculteur. Et fière de défendre ceux qui nourrissent ce pays avec courage, humilité et passion.

 
 
 

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